L’écriture : avec ou sans inclusion ?

Publié le par Nadia Geerts

Je l’avoue d’emblée : le débat autour de l’écriture inclusive n’arrive pas à me passionner. Rien à faire : je ne parviens pas à comprendre pourquoi il faudrait marquer dans la langue le fait que lorsqu’on dit « ils », on inclut les « elles ». À mes yeux, cela va sans dire, dans la plupart des cas. Et sinon, il suffit de préciser, sans qu’il me paraisse nécessaire de recourir à d’inesthétiques points médians et autres contorsions.

 

Une discussion récente m’a cependant permis de mieux comprendre à la fois ce qui est en jeu dans ce débat, et la raison pour laquelle je m’en désintéresse.

Il me semble qu’il y a dans les motivations de certaines féministes quelque chose de l’ordre de la reconnaissance. Une reconnaissance dont certaines femmes, manifestement, estiment ne pas avoir suffisamment bénéficié, voire dont elles estiment être structurellement privées. Dès lors, il devient essentiel, à leurs yeux, que la langue marque, chaque fois que c’est possible - et ce l’est toujours, diront-elles, pour peu qu’on le veuille - la présence des femmes.

 

Quant à moi, je ne demande pas à être reconnue comme femme. Je le suis, c’est une évidence, et je n’ai jamais eu à subir d’expériences me donnant à penser que mon sexe était gommé, nié. Au contraire, j’ai souvent trouvé pénible le fait qu’il me soit rappelé dans des circonstances où cela me semblait hors de propos : m’inviter sur un plateau télé parce que femme ou me complimenter sur mon physique alors que je venais de donner une conférence, par exemple, m’ont toujours paru des comportements visant à mettre en avant mon sexe au détriment de ma personne.

Dans mon parcours de femme et de féministe, ce qui est à mes yeux essentiel, c’est donc non pas d’être reconnue comme femme, mais de ne pas être exclue ni survalorisée  parce que femme. Mon féminisme est un humanisme, parce que mon fil conducteur est que le sexe est second, et notre humanité commune première. Chaque fois que le rapport entre les deux est inversé, j’ai mal à mon féminisme.

 

 

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Publié dans Féminisme

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