Frank Vandenbroucke et Marie Arena : même combat !

Publié le par Nadia Geerts

Le Morgen d’aujourd’hui consacre une série d’articles au port du voile dans les écoles d’Anvers, lequel est désormais interdit dans la quasi-totalité des écoles, tant catholiques que publiques. Seules deux écoles acceptent encore que les jeunes filles portent le voile à l’intérieur de l’enceinte de l’établissement, ce qui fait dire à Nadia Babazia, du Collectif « Allochtone Meisjes et Vrouwen » (filles et femmes allochtones) que « Les jeunes filles allochtones ne peuvent plus choisir librement dans quelle école elles iront et quelle orientation elles y suivront. Cela hypothèque leurs chances sur le marché du travail ».
On retrouve là une logique bien connue en Communauté française, qui fait de celle qui refuse de se soumettre à la règle qui vaut pour tous la victime, celui qui édicte cette règle étant considéré comme le coupable. Combien de fois n’ai-je pas entendu parler du « scandale » de l’exclusion scolaire à propos des jeunes filles porteuses de voile ? Comme si imposer le retrait des signes d’appartenance religieuse à l’intérieur de l’enceinte des établissements d’enseignement équivalait à exclure ! Comme le port inconditionnel du voile n’hypothéquait pas, lui aussi, les chances des jeunes femmes sur le marché du travail !
Mais soit : j’entends l’argument : confrontées à des écoles « avec » et à des écoles « sans » voile, certaines jeunes filles auront bien du mal à convaincre leurs parents qu’elles préfèrent ôter leur voile et suivre l’orientation qu’elles ont choisie plutôt que de le garder et se condamner de facto à une filière pour laquelle elles n’éprouvent aucun intérêt.
La solution est simple : interdisons le voile dans toutes les écoles. Ainsi, la question de savoir si le port du voile est autorisé ne sera plus un critère de choix pour les parents.

Hélas, Frank Vandenbroucke (sp.a) n’est guère plus audacieux, en la matière, que son homologue Marie Arena : pour lui comme pour elle, « Chaque école peut décider de manière autonome si le voile est ou non admis ».
C’est vraiment à se demander si ces ministres qui ont l’enseignement dans leurs compétences se préoccupent parfois d’enseignement, ou si leur principal souci est d’éviter de s’attirer les foudres d’une partie de leur électorat. Car enfin, l’heure est grave, pour les petites Bruxelloises porteuses de voile  comme pour leurs consoeurs anversoises: de plus en plus d’écoles décidant d’interdire le port du voile, elles sont de plus en plus reléguées dans des écoles qui n’ont pour seul attrait, y compris à leurs yeux, que d’en autoriser le port. Une véritable politique de l’enseignement imposerait qu’on se soucie de ce fléau qu’est la ghettoïsation de l’enseignement qui en découle.
À défaut, il ne faudra guère que quelques années pour que chaque école inscrive à son programme l’interdiction en question, sous des libellés différents. Tout simplement parce qu’aucune ne verra d’un bon œil les jeunes filles voilées se rabattre sur elle en nombre chaque année plus élevé, pour l’unique raison qu’on a cessé de les accepter ailleurs. Aucune école, en effet, ne rêve d’être un ghetto, si ce n’est un ghetto socio-culturellement privilégié…
Mais on aura perdu, en renvoyant la patate chaude aux préfets, l’occasion d’un débat essentiel : celui de la place des religions dans l’école, et a fortiori dans l’école officielle, laquelle promeut l’égalité et la mixité, l’humanisme et l’indépendance du religieux.

Publié dans Enseignement

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