Le problème n’est pas l’islam

Publié le par Nadia Geerts

Chacun des articles consacrés à la tourmente professionnelle que je traverse suscite son lot de commentaires sur les réseaux sociaux. Parmi eux, beaucoup incriminent l’islam et les musulmans. À tort.

Bien sûr, certains des agresseurs contre lesquels j’ai porté plainte sont probablement de confession musulmane. Mais d’autres ne le sont de toute évidence pas. Et surtout, le problème tel qu’il se présente aujourd’hui, dépasse de loin un quelconque affrontement entre des musulmans fanatisés et une défenseuse de la laïcité.

Le problème, c’est la force de pénétration d’une idéologie qui fait d’un discours laïque un discours anti-musulman, voire raciste. Et cette idéologie, elle dépasse de très loin les seuls musulmans - dont certains d’ailleurs m’apportent leur soutien. Non, ni « ma » Haute École, ni Bruxelles, ni la Fédération Wallonie-Bruxelles, ne sont pas « aux mains des islamistes ». Soyons sérieux deux minutes…

Ce qui se rejoue ici, nous le connaissons bien, depuis Salman Rushdie et ses Versets sataniques, l’attentat contre Charlie Hebdo ou le meurtre de Samuel Paty, et il oppose en réalité deux camps. D’une part les défenseurs de la liberté d’expression, qui inclut le droit de choquer, de heurter la sensibilité religieuse des uns ou des autres et de se moquer d’une idée. De l’autre, la foule des partisans du « Pas de vague », ceux qui pensent qu’il suffit de faire le gros dos assez longtemps pour que la tempête se calme, ceux qui pensent que refuser de faire le gros dos, c’est attiser la haine, souffler sur les braises, et en fin de compte chercher les ennuis. Ceux, aussi, qui pensent qu’il faudrait arrêter de critiquer l’islam au motif que ce serait la religion des opprimés, piétinant au passage le principe d’égalité de tous les citoyens devant la loi et sacrifiant l’idéal émancipateur des humanistes d’hier sur l’autel du prétendu libre choix des libéraux anglo-saxons. Ceux qui, en un mot comme en cent, pensent qu’au fond, j’ai un peu cherché ce qui m’arrive, voire que je ne l’ai pas volé.

C’est à cela aussi, à cela surtout que je me confronte depuis plus de cinq mois. Et ça a un nom : islamogauchisme. Un phénomène magistralement décrit il y a 20 ans déjà par Pierre-André Taguieff, et qui ne touche certes pas toute la gauche, mais une fraction grandissante de celle-ci, qui n’est plus capable de prendre fait et cause pour la défense de la laïcité contre le cléricalisme, pétrifiée qu’elle est à l’idée d’opprimer une minorité. Et ceux-là même qui en nient l’existence tout en refusant de m’apporter leur soutien – voire en participant à mon lynchage public - démontrent par là-même l’existence de cette mouvance, dont ils font partie.

 

 

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