Lettre ouverte au Dard de Christophe Bourdon

Publié le par Nadia Geerts

Cher Monsieur Bourdon,

 

Merci à vous de contribuer à ma renommée en mettant en évidence sur les ondes de la RTBF, à une heure de grande écoute, mes talents de « meuf drôle de droite ». On a toujours tort de perdre une occasion de rire, y compris de soi-même, et j’ai donc bien ri à m’entendre comparer à un Ric Hochet de la laïcité.

Plus largement, votre mauvaise foi m’a également beaucoup amusée ; c’est évidemment ce qui fait tout le sel d’un tel exercice, qui ne saurait reposer sur des arguments factuels analysés avec rigueur, méthode et impartialité.

Aussi me permettrai-je simplement de rectifier quelques petites choses. Trois fois rien, rassurez-vous, mais j’y tiens, mon honneur de Laïc Hochet (pour reprendre l’irrésistible surnom dont vous m’avez affublée) étant ici en jeu.

Tout d’abord, j’ai bien mentionné la raison pour laquelle la statue était recouverte en permanence d’un drap, et ce dans ma chronique pour Marianne de lundi dernier. Mais je comprends que votre salaire à la RTBF ne vous permette sans doute pas de vous offrir l’abonnement. Vous n'avez donc manifestement lu que ma carte blanche en accès gratuit dans La Libre, dont vous avez extrait en toute subjectivité de quoi produire quelques saillies drolatiques. 

Ensuite, vous tapez juste lorsque vous décrivez mes difficultés avec la gauche. Mais elles n’ont rien d’ophtalmique : mes deux yeux voient parfaitement bien, et c’est ce que voit mon œil gauche qui m’occasionne des douleurs récurrentes. Quant aux mots « islamisme », « voile » et « djihad », si mon œil droit, comme vous dites, ne voit que ça, c’est bien à gauche qu’il le voit, et votre chronique offre d’ailleurs une magnifique illustration de cet aveuglement qui se répand à gauche vis-à-vis d’un conservatisme religieux, à l’occasion teinté d’intolérance, d’antisémitisme et d’homophobie, pour peu qu’il soit revêtu du sceau de l’islam et non de celui du catholicisme.

Enfin, si seuls sept étudiants apparaissent sur la vidéo que j’ai diffusée (mais non filmée. Je la dois, vous auriez dû le deviner, à un vieux professeur de cette vénérable institution, atteint depuis longtemps à la fois par la limite d’âge, le Parkinson et la droitisation insidieuse des esprits), c'est sans doute parce qu'elle a été filmée à une période où peu d'étudiants fréquentent le campus. D'ailleurs, vous omettez curieusement de mentionner que l’ULB elle-même reconnaît un phénomène en expansion, au point qu’elle estime nécessaire de rappeler aux étudiants, dès la rentrée académique prochaine, qu’aucun lieu de prière ne sera accepté dans son enceinte.

Un dernier mot pour regretter la fin de votre billet, qui, permettez-moi de vous le dire, n’est pas drôle du tout, mais seulement méchante. Pour le coup, de vous et moi, c’est bien vous qui « proclamez le plus votre hostilité ».

Bien cordialement,

 

Nadia Geerts

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